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Le blog de campagne de Catherine Guépratte
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6 juin 2007

Interview de François Bayrou. ITW Le Parisien, 3 juin 2007.

Les Français semblent adhérer largement à la méthode et au projet Sarkozy. Est-ce cela, l’état de grâce? François Bayrou. L'état de grâce, c’est naturel et presque systématique lorsqu'un nouveau président est élu, installe son gouvernement, et que ni l'un ni l'autre ne sont encore à l'épreuve des réalités. Il a commencé pourtant à agir… FB : On en est davantage aux intentions qu’à l’action. Mais je tiens à dire qu’il est des orientations que j’approuve : par exemple, s’il parvient à la mener à bien, l'idée d'un traité européen simplifié, court, compréhensible. J'approuve aussi la concertation avec les associations écologistes, même si ce n'est encore qu'un symbole. Je suis, en revanche, très hostile à l'instauration d'une franchise pour les soins de santé, qui sera très lourde à porter pour tous ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui ne permettra pas de combler le trou de la sécu. Et je suis vraiment inquiet de la décision de laisser filer le déficit en l’augmentant brutalement de plusieurs milliards d’euros, pour permettre des avantages fiscaux à des personnes déjà favorisées. On va ainsi encore augmenter la dette des Français._Ce n’est pas ce qu’on avait promis pendant la campagne. Comment jugez-vous le nouveau style présidentiel? FB : La communication est bonne. C’est à mettre à son crédit. Mais l'idée que le Président de la République, tout seul, gouverne la France et que, sur tous les dossiers, c'est à l'Elysée que ça se passe créera un jour ou l’autre des difficultés. Nous sommes le seul pays démocratique au monde où les pouvoirs sont à ce point concentrés entre les mêmes mains. Si, en plus, toutes les décisions remontent au président, alors on aura de sacrées surprises._ Y a t il un premier Ministre tout de même?_ FB : Les ministres sont effacés et on a l’impression que Matignon est effacé lui aussi. C’est sûrement un choix, mais ce choix aura forcément des conséquences, car un État moderne ne peut pas fonctionner sans délégations, c’est-à-dire sans confiance. _ Quel est, pour vous, désormais minoritaire, l'enjeu de ces législatives?_ FB : L’enjeu, c’est qu’il y ait encore en France, dans les cinq années qui viennent, du pluralisme et du débat. Nous avons besoin d'un Parlement qui représente le peuple dans sa diversité. Cela garantira qu'il existe du débat sur les sujets les plus difficiles. Or on nous annonce un Parlement dominé par un parti qui aura le monopole de la représentation des Français. Et avec, en face, un PS profondément usé. Les uns voteront toujours oui et les débats seront expédiés, sans être approfondis. En face, l’autre camp votera toujours non. Cela n’est pas sain._ Cela ressemblerait, selon vous, à l'avant 1968?_ FB : Non. La situation est très différente. Mais lorsque le Parlement est une chambre « introuvable » avec un parti tout puissant qui règne sans partage, au bout de quelques mois, le pays ne s’y retrouve pas. Alors les institutions de la démocratie ne sont plus légitimes et plus respectées. Vous dites donc, comme le PS, qu'il y a nécessité de contre pouvoirs?_ FB : Le PS est déterminé à exercer non pas un contre pouvoir, mais un pouvoir contre. Mon idée au contraire est qu'il y ait de l'indépendance et de la liberté. Pour dire sur tel sujet : « Cela va dans le bon sens » et sur tel autre: « Attention, on se trompe ». J’en reviens à la décision de laisser filer la dette. Ce n'est pas le PS qui va la combattre cela puisque la dette et les déficits, dans sa philosophie de toujours, ce n'est pas grave. Seul un courant indépendant est capable de mettre en garde contre cette dérive, à la tribune, les yeux dans les yeux du gouvernement._ Mais comment ferez-vous si vous n'avez même pas de groupe parlementaire? _ FB : Ce sont les électeurs qui en décideront. Je livre les batailles avec l'idée que les électeurs savent ce qu’ils font. Ils ont le moyen, par leur vote, de défendre le pluralisme. Est-il imaginable qu’un mouvement politique qui a fait près de 20 % à l’élection présidentielle soit privé de sa représentation ? Est-ce juste ? Est-ce concevable ? Diriez-vous qu'il y a un état Sarkozy?_ FB : Plus exactement, on en vient à penser qu'il n'y a plus que Sarkozy dans l'Etat ! Comment réagissez vous au départ de vos anciens amis députés?_ FB : Les ralliements ne donnent pas une haute idée de l’engagement politique. Ce qu'il y a de terrible dans ces institutions c'est qu'elles ne favorisent ni le courage ni la grandeur. Elles favorisent, au contraire, le renoncement et l'alignement. Puisque le pouvoir est absolu, tout passe fatalement par le ralliement au pouvoir. Mon idée des institutions est exactement inverse. Un pouvoir rassembleur, de vraies alliances, discutées, où personne n’a besoin de se renier, et où un contrat est passé qui permet de travailler ensemble. Les Français n'ont pas eu depuis longtemps un moral aussi élevé. Cela ne vous trouble t il pas?_ FB : Tant mieux ! Comme cela arrive souvent, les élections ont eu un effet euphorisant. On a l’impression que les problèmes ont disparu. Mais ce n’est pas le cas. La réalité se chargera assez tôt de nous le rappeler. L'UMP exclut de vous faire le moindre cadeau aux législatives… FB : Je ne recherche pas les cadeaux. Simplement, il est anormal qu'un courant politique qui a réuni 7 millions de Français à la présidentielle soit menacé d'être écarté de la représentation nationale. Vous verrez que de telles injustices rendront inéluctable un changement en profondeur de nos institutions. Sans élus, le Modem que vous venez de créer ne serait-il pas un mouvement populiste? _ FB : Non, un mouvement populaire, avec de nombreux élus locaux. 78000 demandes d'adhésions spontanées nous sont parvenues en 3 semaines, sans aucune campagne. Chacun fixe son niveau de cotisation en fonction de ses possibilités : 5 euros si l'on est au RMI. Cotisation libre à partir de 20 euros autrement. C'est un très grand courant, jeune, actif, habitué à Internet. C’est révélateur du besoin en France d'une offre politique différente. Tout le monde voit bien que le PS avec son archaïsme, est devant son heure de vérité et que l'UMP n'est pas une vision de la société mais la courroie de transmission du pouvoir._ FB : Envisagez-vous des accords avec la gauche?_ Au soir du 1er tour, nous verrons quels moyens nous avons de défendre le pluralisme. Mon idée est de faire naître une génération nouvelle qui va s'ancrer sur le terrain à partir des législatives et aux municipales s'enracinera. On verra sous quelle forme et de quelle manière._ Ségolène Royal vient de dire que vous n'avez pas été, à la présidentielle, au bout de votre logique en ne devenant pas son Premier ministre? FB : Je n’approuvais pas son programme économique. Je ne croyais pas à sa vision du social, assisté par l’État. Comment aurais-je pu la rallier ? Pour moi, la politique c’est du fond, pas des manœuvres.
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  • Membre de l'UDF, candidate aux élections législatives sur la 4e circonscription du Doubs. Ambassadrice du Doubs, je me battrai pour développer un pays que j'aime. Ma devise : "croire et oser."
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